Danoisie, 24 pages, sous étui, 27 x 30 cm, 2014, Droit à l’Image, atelier Stéphane Crémer
avec le soutien du Centre National du Livre.

Les premiers traits de Danoisie sont apparus en 2012 : Lise Stoufflet et Raphaël Tiberghien, alors condisciples aux Beaux-Arts de Paris, s’approchant peu à peu, « main dans la main », l’une par le dessin avec l’autre par l’écriture, de cette figure qui avait pris pour nom « Danoisie », lui donnant ses contours.

​​Dans ces trois syllabes, il m’a d’abord semblé entendre l’écho de telle ou telle de nos mythologies, sans pourtant qu’aucune trace ne m’en soit jamais attestée : mais j’ai bel et bien cru, dès les premiers pas de ma lecture des entrelacs des images du texte et de celles du dessin — une porosité pour ainsi dire naturelle favorisant d’ailleurs leur articulation —, qu’allait m’être contée l’histoire de la naissance de quelque chose qui serait un paysage et d’un paysage qui serait un monde, avec ses héros et ses héroïnes…

Là, sans doute, m’est apparue une des principales forces de Danoisie, qui m’a donné envie de partager son aventure avec ses auteurs : elle m’a pris au piège d’un texte qui se présenterait comme narration, comme entre les mâchoires de dessins qui feindraient de s’en prétendre les illustrations, ces dessins et ce texte ne révélant, dans les interstices de leurs jeux, qu’autant de pleins d’énigmes et déliés de doutes, de « fantômes » de dieux ou de demi-dieux et peut-être, ainsi, rien moins que le spectre même de leur lumière, le graphe de leur « commune présence », comme dit un poète : « Toutes les paroles sont tes paroles » est-il écrit, ici aussi, soi-disant pour finir. — Tout un art, poétique en effet.

Stéphane Crémer

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