La Poussière, 2013, gravure sur disque vinyle et installation sonore, 5’25
La poussière suit méticuleusement son chemin, entre dans la maison, glisse sur les sols et les meubles avant d’investir le corps, les poumons, les yeux et la gorge enfin, là où le discours prend forme. Serait-ce donc elle qui grippe la belle mécanique du corps humain? Qui bloque l’élocution, qui vient couper, coller, fondre ou fendre les mots? Les bribes de mots ricochent et s’amalgament, des rimes se créent dans le choc des tronçons de paroles. Dans ce balbutiement apparent, le poème prend corps et les mots se chargent de matière, ils deviennent denses, physiques. Porteurs d’un sens autre que celui du langage, ils font presque douter de leur aptitude à communiquer quoi que ce soit. Pourtant ces paroles entrechoquées produisent un nouveau flux, non conventionnel, qui n’annule pas la narration, ni la transmission. Les mots et les sons, devenus matériels, sont sculptés dans la couche du disque vinyle et permettent d’entrer à l’intérieur du langage, de creuser la surface des mots et du sens.
Agnès Werly
Lecture d’après une retranscription graphique, 16.02.2019